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Tapissier d'ameublement / Tapissier décorateur

 

Si Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, avait préféré la sécurité à la vie trépidante des tréteaux, il aurait pu persévérer dans la charge de tapissier et valet de chambre du Roi en

1637 que son père avait obtenu en survivance pour lui. Mais son choix fut tout autre.

 

Pourtant, ce métier recèle bien des richesses… Sa tâche pouvait aller jusqu’à commander les meubles d’ébénisterie. Aujourd’hui, un tapissier d’ameublement participe à la décoration

d'intérieur. Son domaine d’intervention ne se limite pas à l’univers du siège bien évidemment. Il réalise aussi voilages, rideaux, tentures murales, dessus-de-lit, housses et

coussins. Il travaille sur tous les types de fauteuils et canapés, de style ou contemporains, pour les garnir et les recouvrir de tissu ou de cuir. S’il restaure le plus souvent

d’anciens meubles, il réalise aussi des créations.

 

Le travail d’un tapissier consiste à souligner, mettre en valeur et respecter celui du menuisier. Il doit trouver l’équilibre entre les formes d’un siège et la garniture qu’il va y

apporter. Dans son travail, le tapissier d’ameublement est amené à collaborer avec des artisans d’art qui peuvent, si nécessaire, restaurer, redorer ou repeindre un meuble.

 

Au XIIIe siècle, on distingue les tapissiers lissiers (fabricants de tapis et de tapisserie) des tapissiers en sièges (ancien courtepointier). Souvent appelés tapissiers d’appartement

ou garnisseurs de meubles afin de les distinguer des faiseurs de tapis et de tapisseries, ils faisaient partie, au XVIIIe siècle, de la maison des grands seigneurs et des princes ; ils avaient

le droit de porter l’épée et prenaient le titre de valets de chambre-tapissiers. Le métier de tapissier, tel qu’il est enseigné aujourd’hui, obéit à des techniques séculaires.

Si l’on fait abstraction de l’invention du ressort et du capiton au XIXe siècle, les techniques n’ont pas fondamentalement changé depuis les XVII-XVIIIe siècles où seront apparus,

au fil du temps, avec le goût de l’intimité, petits appartements et intérieurs cossus qui auront suscité l’extraordinaire essor du mobilier.

Les tapissiers suivent alors les progrès des menuisiers ensièges. Ils procèdent aussi, de leur côté, à des améliorations majeures qui sont parvenues jusqu’à nous

comme le système du bourrelet roulé en cuvette sur le pourtour du siège, l’intérieur étant garni de crin et emballé dans une toile claire dite d’embourrure,

maintenue par des points de fonds.

 

D’un point de vue stylistique, l’éventail des tendances est large d’un siècle à l’autre : du néoclassicisme des sièges Louis XVI, on passe, quelques années après la

Révolution, aux formes néopompéiénnes et dites « à l’étrusque » sous le Directoire. Les lignes s’affinent sous Napoléon 1er avant de rebasculer vers le goût des étoffes drapées et les

garnitures complexes sous le Second Empire. L’Art nouveau sera économe en garnitures et utilisera plutôt des bois blancs et des étoffes d’une grande créativité graphique. Au XXe

siècle, avec l’invention du latex puis la mousse synthétique de polyéther issue du polyuréthane, l’exécution deviendra plus rapide et les garnitures prendront des formes plus

complexes.

 

Du strict point de vue des techniques de facture, l’artisanat d’art pratiqué par les tapissiers d’ameublement, n’a pas profondément évolué depuis le XVIIIe siècle. La liste des outils

utilisés est à peu près la même : aiguille droite, carrelet (aiguille courbe ou droite), chasse-clou, ciseaux, ciseau à dégarnir coudé, houseaux (épingles), semences (petits clous à tête

plate), tire sangle, tenaille à sangler ou tendeur de sangle et tire-crins, par exemple. Dans le cas d’une restauration, si le meuble (siège, canapé) est en mauvais état, il ira d’abord chez

l’ébéniste et chez le doreur ou le laqueur, si besoin est. Ensuite, le meuble sera dégarni avec un ciseau et un maillet. La carcasse (appelée aussi fût) peut alors être regarnie. Une bande

de toile est entrecroisée sur l’assise du siège pour former un plancher (sanglage).

Un tissu est placé à l’arrière du dossier (entoilage) avant qu’une toile forte (toile de jute) ne soit apposée sur l’ensemble. Ensuite vient la mise en crin : une masse de crin de cheval est

recouverte d’une toile d’embourrure mise en forme avec les mains (rabattage) et fixée par piquage à l’aide d’un carrelet qui va piquer le crin pour former un bourrelet. Puis, le siège

est piqué à un, deux, trois, et jusqu’à douze points selon les époques avant de recevoir du crin sur le dessus et une toile blanche puis une couche d’ouate de coton. On ajoute alors la

couverture, tissu maintenu par des semences puis c’est la finition avec les crêtes (galons) ou des clous décoratifs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En termes d’innovation récente, on ne peut omettre de citer le travail de la maison Brazet, qui, à l’occasion d’une commande pour le musée Paul Getty de Los Angeles, a mis au point

une technique ingénieuse de garniture du siège : la conservation-restauration des bois par garniture sur châssis. Cette technique permet de conserver le siège dans son jus et de le

regarnir exactement tel qu’il était à l’époque de sa facture. Cette technique évite les dégâts causés à la menuiserie des sièges en raison des interventions successives des tapissiers sur

les feuillures (partie du bois brut dans laquelle sont plantés les clous ou semences).

 

Le tapissier d’ameublement travaille en collaboration avec les architectes d'intérieur pour la décoration d'appartements, d'hôtels, de bateaux ou de bureaux. Son rôle tend à évoluer

vers une activité de conseil en matière d'aménagement d'intérieur. Muni d'un sens relationnel, le tapissier d'ameublement sait s'adapter et traduire la demande des clients.

Il apporte à l'objet confié embellissement et confort. Grâce à ses connaissances en histoire de l'art et de l'ameublement, il respecte les styles et les matériaux d'origine.

 

Source : Institut National des Métiers d'Art

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